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et de soie noire, est un éclectique : ramasseur de n’importe quoi, n’importe où, j’ai bien souvent rencontré dans les fondations de sa demeure de larges morceaux de papier ou de chiffons glanés au hasard de ses courses… Peu lui chaut, pourvu que ses œufs blancs piquetés de noir reposent sous les ailes de sa compagne, au bercement du zéphyr !

Devant nous vient de s’envoler un oiseau de même taille que le loriot, mais de costume plus effacé. À son cri d’alarme, j’ai reconnu la grive, la gentille grive chanteuse au plastron semé de larmes brunes. Dans ce lierre gît son nid. Cette fois, ce n’est plus un tisserand que je vous présente, c’est un habile architecte, et sou travail force notre admiration. C’est une bâtisse de bouc durcie, lissée intérieurement, entrelacée de brindilles au dehors. De fragiles œufs bleuâtres reposent sur la terre nue et dure comme l’aire d’une grange. La grive ne dorlote pas ses petits dans du coton ; elle préfère les élever à la bonne école et ceux-ci ne s’attardent pas à une mollesse coupable…

On imagine, non sans surprise, en voyant le volume de boue que l’oiseau a aggloméré pour sa construction, quelle persévérance a demandée un pareil résultat. Je m’en suis un jour rendu compte. Ayant découvert un nid à demi terminé sur une tête de vieux saule, je le détruisis. Le lendemain, voyant, vers les mêmes parages, le propriétaire dépossédé multiplier les allées et venues, je le guettai patiemment. Courageux comme un oiseau, il s’était remis à bâtir. Trouver remplacement me fut facile. Je suivis les progrès de la nouvelle maison, et, trois jours après, c’était chose terminée.

Les buissons d’aubépine, les échevellements de clématite sauvage sont le lieu de prédilection de la plupart de nos oiseaux