P. Perrault.
Si les jeunes passagers avaient ressenti une vive émotion en apercevant ce corps, ils ne virent en lui que la victime d’un accident, — une chute dans laquelle ce malheureux s’était grièvement blessé avant de tomber à la mer. Ils ne pouvaient soupçonner que ce fût le résultat d’un crime.
Harry Markel et ses compagnons, eux, n’eurent pas de doute à cet égard, et Corty de dire à John Carpenter :
« Il ne manque plus que le capitaine Paxton et son équipage aillent s’échouer à la côte ! »
Aussi loin que le permettait le regard, ils observèrent avec attention. Aucun autre cadavre ne flottait, qui aurait pu être recueilli à bord des navires voisins de l’Alert. Toutefois, avec quelle impatience il leur tardait d’avoir quitté ce mouillage et de ne plus être en vue de terre !
Le ciel laissait alors prévoir une modification prochaine dans l’état de l’atmosphère. Quelques nuages se levaient à l’est, et il était possible que la brise vînt de la côte avant la fin du jour.
Eh bien, on en profiterait, dût-elle même souffler en tempête, pourvu qu’elle entraînât l’Alert à vingt milles de là, en plein Atlantique !
Mais cet espoir ne serait-il pas déçu ?… Ces nuages ne se dissiperaient-ils pas avec les derniers rayons du soleil ?… Harry Markel en viendrait-il donc à se servir de ses embarcations pour gagner la haute mer ?…
Cependant, abrités sous la tente de la dunette, les jeunes garçons suivaient le mouvement qui s’effectuait à l’entrée du canal de Saint-George. Non seulement montaient et descendaient des steamers, les uns vers l’Atlantique, les autres vers les parages de l’Irlande, mais plusieurs voiliers se faisaient remorquer par les tugs de Queenstown.
Ah ! si Harry Markel l’eût osé, il aurait hélé