Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/249

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Parvenu auprès de la roche où Claire avait rencontré pour la première fois Lilou et Pompon, de Kosen s’arrêta, essayant de s’orienter :

« Pas un mot, René, je t’en prie. »

Et à Yucca :

« Je veux voir si cette mémoire latente, qui a de si subits et si étranges réveils, me viendra encore en aide.

— Les souvenirs de la toute petite enfance, n’est-ce pas ? dit Thérèse. J’ai constaté chez René, venu très jeune dans le Jura — il avait tout au plus cinq ans — une fidélité de mémoire remarquable, mais à la condition qu’une impression extérieure provoquât ce réveil… Ainsi, lorsque mon jeune frère est retourné, après quatre ou cinq ans, chez la sœur de mon père, qui nous a élevés, en entrant dans la chambre qui avait été la sienne autrefois, il est allé droit à une porte dissimulée dans la tapisserie. Cette porte était celle d’un cabinet noir où ma tante le mettait en pénitence, il est vrai, et il avait fait dans ledit cabinet d’assez fréquents séjours pour que le souvenir lui en fût resté… Cependant, pas une seule fois, en ces cinq années, il n’en avait parlé, et, en allant à Lyon, il me disait ne se rien rappeler de tante Fernande, ni de sa maison, si ce n’est son perroquet.