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BOURSES DE VOYAGE

cuera. Officiellement désignée sous le nom de Basse-Terre, bien que son relief soit le plus prononcé du groupe, ce nom lui vient de sa situation par rapport aux alizés.

L’île de l’Est, sur les cartes, prend la dénomination de Grande-Terre, quoique sa contenance superficielle soit inférieure à l’autre. L’étendue totale des deux îles se chiffre par seize cent trois kilomètres carrés et leur population par cent trente-six mille habitants.

La Basse-Terre et la Grande-Terre sont séparées par une rivière aux eaux salées, dont la largeur varie de trente à cent vingt mètres, et que franchissent les navires d’un tirant de sept pieds environ. L’Alert n’aurait pu suivre ce passage, qui est le plus direct, qu’au plein de la marée, et encore ce n’eût pas été le fait d’un capitaine prudent. Aussi Harry Markel prit-il le large, à l’est du groupe. Cette navigation dura quarante heures au lieu de vingt-quatre, et ce fut seulement dans la matinée du 18 août que le trois-mâts parut à l’entrée de la baie où se jette la rivière salée, et dont le fond est occupé par la Pointe-à-Pitre.

Il y eut tout d’abord à dépasser la bordure d’îlots disposée autour du bassin qui forme le port et auquel on accède par un chenal étroit et sinueux.

Cinq ans s’étaient écoulés depuis que la famille de Louis Clodion avait quitté les Antilles, sauf un frère de sa mère resté à la Pointe-à-Pitre. Avec leurs enfants, ses parents s’étaient fixés en France, à Nantes, où M. Clodion dirigeait une importante maison d’armements au long cours. Aussi le jeune Louis avait-il conservé le souvenir de son île natale, d’où il n’était parti qu’à l’âge de quinze ans, et il comptait en faire les honneurs à ses camarades.

En venant par l’est, l’Alert reconnut premièrement la pointe de la Grande-Vigie sur la Grande-Terre, la plus septentrionale du groupe, puis la pointe des Gros-Caps, puis la pointe de l’Anse aux Loups, puis l’anse Sainte-Marguerite, et, tout à fait à l’extrémité sud-ouest de la Grande-Terre, la pointe des Châteaux.

Louis Clodion avait pu montrer sur la côte orientale cette ville du Moule, la troisième de la colonie par son importance, avec ses dix mille habitants. C’est là que les navires chargés de sucre attendent une occasion favorable pour prendre la mer. Ils y sont très à l’abri contre les mauvais temps et contre ces formidables raz-de-marée qui causent tant de désastres sur ces parages.

Avant de doubler la pointe au sud-est de la Grande-Terre, les passagers eurent connaissance de la Désirade, autre Antille française, la première qui est signalée à bord des navires venant d’Europe et dont le morne, haut de deux cent soixante-dix-huit mètres, est visible à une grande distance.

Laissant alors la Désirade sur bâbord, l’Alert longea la pointe des Châteaux et, de là, on put entrevoir dans le sud une autre île, la Petite-Terre, qui fait partie du groupe de la Guadeloupe.

Mais, pour avoir un complet aperçu de l’ensemble, il eût fallu descendre plus au sud, jusqu’à Marie-Galante, d’une étendue superficielle de cent soixante-trois kilomètres carrés, avec une population de quatorze mille âmes, puis en visiter les principales villes, Gros-Bourg, Saint-Louis, Vieux-Fort. Enfin, en poussant vers l’ouest, presque à la même latitude, se rencontre le petit archipel des Saintes, peuplé d’environ deux mille habitants, d’une étendue de quatorze kilomètres carrés. Formé de sept îles ou îlots distincts, dominé par le Chameau, d’une altitude de trois cent seize mètres, il est considéré comme le plus salubre sanatorium des Antilles.

Administrativement, la Guadeloupe est divisée en trois arrondissements. Ils comprennent la partie de Saint-Martin qui est restée mitoyenne avec la partie hollandaise, l’île Saint-