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« Je comprends. Merci de m’avoir fait connaître cet incident dont je ne parlerai pas. J’espère que M. Grimshaw m’aimera un peu ; j’essayerai de me contenir, sachant qu’il ne peut souffrir les enfants turbulents. Ici tout le monde dit que je le suis ; papa ne m’a jamais adressé ce reproche. »

M. Harrison toussa légèrement, puis abaissa les yeux sur son petit compagnon avec une expression de réelle sympathie.

« Eh bien ! rappelez-vous une chose, mon enfant : le jour, où vous chercherez un ami, vous n’avez qu’à vous adresser à moi. J’ai connu et aimé votre père quand il avait votre âge ; si jamais vous vous trouviez engagé dans quelque ennui, ou que vous eussiez besoin des conseils et du secours d’un vieillard, souvenez-vous de compter sur mon dévouement. »

Jock le regarda avec un sourire qui exprimait la surprise et le plaisir, puis lui tendit gravement la main.

« Merci, dit-il ; vous êtes mon premier ami. »

Monsieur Harrison serra chaleureusement cette petite main, puis il ajouta :

« C’est bien, mon enfant, vous pouvez rentrer. Demain, soyez à la gare à l’heure convenue. »

Après un chaleureux « au revoir », Jock reprit le chemin de la ferme ; son cœur battait bien fort en pensant au monde inconnu où il allait entrer.


A. Decker, d’après E. Hohler.

(La suite prochainement.)

KSOUR ET OASIS[1]

CHEVAUCHÉES D’UN FUTUR SAINT-CYRIEN À TRAVERS LE SUD-ORANAIS

VIII

Bou Amama et l’insurrection de 1881.


Nous passâmes la soirée, M. Naimon et moi, à deviser encore des choses arabes.

Comme toujours, mon rôle se bornait à lui faire des questions auxquelles il répondait avec une bienveillance inlassable.

J’avais en tête un certain Bou Amama, dont ces messieurs avaient parlé, entre eux, à Benoud, et dont le nom ne frappait point pour la première fois mes oreilles.

Et je désirai savoir ce qu’il avait fait.

« Une insurrection, tout simplement, me répondit mon mentor, une insurrection qui troubla deux années notre Sud oranais et que tua définitivement le prolongement de la voie ferrée d’abord jusqu’à Mecheria, puis jusqu’à Aïn-Sefra. Le chemin de fer est trop commode

  1. Voir les nos 180 et suivants.