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BOURSES DE VOYAGE

de temps en temps, il observait si l’homme de barre maintenait le navire en cette direction.

Cependant Tony Renault, Magnus Anders, deux ou trois de leurs camarades causaient avec le jeune marin, en se promenant tantôt sur le pont, tantôt sur la dunette. Ils lui posaient des questions relatives à son métier, ce qu’ils n’avaient pu faire jusqu’ici avec leur peu communicatif capitaine. Au moins, Will Mitz répondait volontiers, se plaisant à leur conversation, voyant le goût qu’ils manifestaient pour les choses de la mer.

Et, tout d’abord, quels pays avait-il visités au cours de ses navigations, soit à l’État, soit au commerce ?…

« Mes jeunes messieurs, répondit Will Mitz, je voyage depuis douze ans déjà, autant dire depuis mon enfance…

— Vous avez traversé plusieurs fois l’Atlantique et le Pacifique ?… demanda Tony Renault.

— Plusieurs fois, en effet, soit à bord de voiliers, soit à bord de steamers.

— Est-ce que vous avez fait campagne sur des bâtiments de guerre ?… dit Magnus Anders.

— Oui, répondit Will Mitz, lorsque l’Angleterre envoya une de ses escadres dans le golfe de Petchili.

— Vous êtes allé en Chine !… s’écria Tony Renault, et il ne cachait point son admiration pour un homme qui avait accosté les rivages du Céleste-Empire.

— Oui… monsieur Renault, et je vous assure qu’il n’est pas plus difficile d’aller en Chine que d’aller aux Antilles.

— Et sur quel navire ?… questionna John Howard.

— Sur le croiseur-cuirassé Standard, contre-amiral sir Harry Walker.

— Alors, reprit Magnus Anders, vous étiez embarqué comme mousse ?…

— En effet… comme mousse.

— Et il y avait de gros canons à bord du Standard ?… demanda Tony Renault.

— Très gros… de vingt tonnes…

— De vingt tonnes ! » répéta Tony Renault.

Et on sentait combien cet intrépide garçon serait heureux s’il pouvait jamais tirer une de ces formidables pièces d’artillerie.

« Mais, ajouta ensuite Louis Clodion, ce n’est