Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/637

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Jock, agenouillé au bord de la route, essaya de découvrir si une ouverture, qu’il croyait voir au bas des rochers, ne serait pas l’entrée d’un souterrain. Pendant cet examen, l’enfant, perdant l’équilibre, roula jusqu’au bas de la pente, la tête la première.

Après le premier moment d’émotion, il constata qu’il était tombé dans un terrain boueux qui laissait sur ses habits de multiples taches noires. Par un violent effort, il réussit à s’arracher de ce marécage et à se hisser sur un rocher situé à proximité. Sans aucun souci pour ses vêtements, déjà fort endommagés, Jock voulut s’assurer de l’existence du souterrain qu’il avait soupçonné ! Non sans désappointement, il se rendit compte qu’il n’existait là qu’une simple crevasse, juste assez large pour livrer passage à un enfant.

Après qu’il eut franchi l’étroite ouverture, celle-ci s’élargissant, il avança assez facilement entre les rochers ; bientôt, il déboucha de l’autre côté de la lande ; dans un bas-fond, la ville apparaissait distinctement.

Ce passage, que Jock venait de franchir, réalisait son rêve ; par là on pouvait gagner la ville et la distance était deux fois moins longue que par la route. En revenant sur ses pas, Jock fut obligé de reconnaître que ce serait un chemin à peine convenable pour Molly ; malgré les plus grandes précautions, on enfonçait dans la tourbe presque jusqu’aux genoux. Haletant, épuisé, le jeune explorateur arriva au sommet du talus, où il fut obligé de faire une halte.

Grelottant dans ses babils mouillés, Jock, pour combattre le froid, partit à la recherche de M. Grimshaw, tout en appréhendant les réprimandes que lui mériterait le désordre de ses habits. Au premier moment, le vieux monsieur parut fort mécontent, puis une idée lumineuse sembla surgir dans l’esprit du vieillard, son regard s’adoucit et ce fut en souriant qu’il accueillit son jeune parent.

« Jock, où donc as-tu été ? Tu t’es mis dans un bel état ! Comment vais-je te ramener à la maison ? Si vous le faisiez entrer dans votre chaumière », ajouta-t-il en se tournant vers Bagshaw qui, comme de coutume, se tenait tout près de lui.

Jock devina que, de nouveau, son onde prenait un prétexte pour se débarrasser du fermier. Avant d’entrer dans la chaumière, il se détourna ; sa supposition fut confirmée par la vue de M. Grimshaw penché sur une feuille de papier qu’il tenait à la main et qu’il paraissait examiner avec intérêt.

Bagshaw s’était retourné et observait aussi.

« Ce morceau de papier semble bien l’absorber, murmura-t-il en entrant dans son logis. Je voudrais savoir quels renseignements sont renfermés là ?

— Moi aussi je voudrais bien y jeter un coup d’œil », dit Jock.

Le fermier lui lança un regard perçant, mais, pour le moment, n’insista pas sur ce sujet. Tramp fit une diversion par la fureur de ses grognements chaque fois que Bagshaw s’avisait de bouger. Voyant que le fermier