Michel Antar.
A. Decker.
Il était près de huit heures. En surveillant le capot et les deux panneaux, on entendait l’équipage aller et venir dans la cale, et aussi les cris de colère, les malédictions accompagnées des plus abominables injures. Mais il n’y avait rien à craindre de ces hommes, réduits à l’impuissance.
Tony Renault proposa alors de déjeuner. Après les fatigues et les émotions de cette nuit, la faim commençait à se faire vivement sentir. Ce repas fut pris sur les réserves de la cambuse, biscuit et viande conservée, œufs que le jeune garçon alla faire durcir sur le fourneau de la cuisine dont les divers ustensiles étaient à sa disposition. La cambuse fournit aussi le wisky ou le gin qui furent mélangés à l’eau douce des barils, et ce premier déjeuner réconforta copieusement tout ce petit monde.
M. Patterson en avait eu sa part. Il est vrai, lui, si loquace d’habitude, c’est à peine si quelques paroles s’échappaient de ses lèvres. Se rendant compte de la situation, il en comprenait la gravité, et les dangers de la mer lui apparaissaient maintenant dans toute leur gravité.
Vers huit heures et demie, la brise parut s’établir dans l’est, par bonne chance. Quelques rides se dessinaient à la surface de la mer, et, à deux milles sur bâbord, étincelaient des blancheurs d’écume. Du reste, l’immense plaine liquide était déserte. Pas un navire en vue, même à la dernière limite de l’horizon.
Will Mitz se décida à appareiller. Son intention n’était point d’employer les hautes voiles de perroquet et de cacatois, qu’il faudrait serrer s’il venait à surventer. Le grand et le petit hunier, la misaine, la brigantine, les focs, suffiraient à se tenir en bonne route. Or, comme ces voiles étaient sur leurs cargues, il n’y aurait qu’à les orienter, à les amurer, à les border, et l’Alert mettrait le cap à l’ouest.
Will Mitz réunit les jeunes garçons. Il leur