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Jock ne pouvait rien avaler, il but seulement sa tasse de thé.

Quant à Tramp, après un copieux souper, il s’endormit.

« Ne feriez-vous-pas mieux d’aller vous coucher ? dit Suzanne, constatant la pâleur du petit garçon. Votre chambre sera bientôt prête.

— Merci, répliqua-t-il ; c’est impossible. »

Suzanne sortit en protestant qu’elle l’emmènerait de force quand le lit serait fait.

Jock se leva et se dirigea vers la porte.

« Je pars, Molly, dit-il. Si vous vous couchez avant mon retour, recommandez de ne pas fermer la porte. En route, Tramp. »

Le chien se redressa, s’étira, bâilla bruyamment, puis, en jetant un triste regard d’adieu vers le feu qui pétillait dans la cheminée, il suivit son maître.

« Jamais vous ne pourrez trouver votre chemin ! Il fait trop noir ! dit tout bas Molly, tenant la porte ouverte et regardant au dehors.

— Je suivrai la grand’route et j’atteindrai bientôt la lande. Si je ne suis pas de retour dans deux heures, vous pourrez dire à M. Harrison où je suis », dit Jock, essayant de parler avec calme, quoique son cœur battit bien fort.

Après un baiser d’adieu, il s’enfonça dans les ténèbres et disparut.

Sur la route qui conduisait vers la lande, Jock et Tramp se hâtaient, oubliant leurs fatigues. Ils humaient l’air vif de la montagne et reconnaissaient chaque site du pays où ils avaient passé de si heureuses semaines.

C’était une nuit de vent et d’orage. À chaque instant, un nuage noir voilait la lune et les plongeait pour un moment dans l’obscurité. Mais Jock savait se guider. Sans peine il trouva le chemin raboteux qui, de la grand’route, se dirigeait vers Beggarmoor.

À la fenêtre de la chaumière brillait une clarté.

« Évidemment le fermier n’est pas encore couché », pensa Jock, arrêté près de la barrière, hésitant sur ce qu’il allait faire.

Il traversa le champ où avait été percé le puits.

À la faible clarté de la lune, il put distinguer des amas de pierres et de terre ; il lui sembla