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PRÉFACE

Le grand nom de Rachel est toujours demeuré populaire ; on parle encore d’elle, de sa réputation, de son immense talent, de sa gloire, tout comme si cette femme illustre n’était morte que d’hier. Beaucoup cependant, parmi les gens de la génération actuelle, n’ont pas vu jouer Rachel ou ne l’ont vue que dans ses derniers temps, et seulement dans quelqu’un de ses rôles. Les plus jeunes parmi nous, ceux qui entrent seulement dans la vie, sont nés au moment même où elle venait de mourir, et ce n’est que par le souvenir, les récits et les relations des contemporains qu’ils peuvent chercher à se faire une idée de cette artiste considérable, qui a rendu pendant près de vingt ans à la tragédie le lustre et l’éclat qu’elle n’avait plus retrouvés depuis la mort de Talma. Rachel n’a pas été, en effet, inférieure à ce prodigieux tragédien, et s’ils eussent paru ensemble sur la scène, à la même époque, dans des pièces où deux personnages à leur taille auraient pu les réunir, ils eussent été certainement égaux l’un à l’autre, et en aucun temps on n’aurait assisté à une aussi éclatante interprétation des chefs-d’œuvre classiques.

Mais nous n’avons pas à nous appesantir ici sur le talent tragique de Rachel, talent qui, dans certains rôles, et, pour être