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Page:Hilaire Le Gai (Gratet-Duplessis) Un million d’énigmes, charades et logogriphes.djvu/240

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Tout fut formé de moi, les cieux, la terre et l’onde.
Je ne suis ni petit, ni grand, ni faux, ni franc ;
Je ne suis point vert, gris, rouge, bleu, noir, ni blanc,
Je ne suis point esprit ; encor moins homme ou bête,
Puisque je n’ai ni corps, ni pieds, ni mains, ni tête,
Je ne suis ni vieux ni nouveau ;
Mais je suis ce que prit le chien dont parle Ésope,
Quand dans certain étang cet animal galope,
La gueule pleine, après ce qu’il croit voir dans l’eau ;
Je suis le lot de la misère.
Et la véritable chimère ;
L’objet qu’on ne peut diviser.
Et la pierre philosophale ;
Ce que Gaster doit digérer
Quand en un rêve il se régale ;
Ce qu’on craint, quand on sait très-bien se comporter ;
Ce qu’a fait un coquin, à l’entendre parler ;
De la goutte le vrai remède ;
Le bien que tout pauvre possède ;
Ce que mit au-dessus d’académicien,
Un poète piquant autant que libertin ;
Ce que souvent donne un avare ;
Ce que toujours pense un ignare ;
Ce qu’on trouve de bon au cœur d’un scélérat ;
Ce qu’on espère en servant un ingrat ;
Ce qu’apprend l’écolier qui jamais n’étudie ;
Ce que répond le sage au sot qui l’injurie ;