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Page:Hilaire Le Gai (Gratet-Duplessis) Un million d’énigmes, charades et logogriphes.djvu/257

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Puisque j’entrai dans l’arche où je fus conservé ;
L’on me trouverait bien en Chine.
Mais pourquoi t’envoyer en pays étranger,
Lecteur, lorsque j’existe en France ?
De moi tu vas sans doute mal juger.
Apprends donc que je suis encor dans l’innocence,
Quoique je serve avec indifférence
À la débauche, au vice, à la méchanceté ;
Me livrant à l’intempérance,
Jamais à la sobriété.
Chacun, il est vrai, me possède,
Et chacun doublement a besoin de mon aide.
À Cythère on me voit tenir le premier rang,
Et figurer parmi les Grâces.
J’occupe encor bien d’autres places :
J’en pourrais citer plus de cent.
Vénus me porte à sa ceinture,
Et de son fils je compose l’armure,
l’annonce le courage, et préside aux combats ;
Quoique banni du temple de mémoire,
Que de noms fameux dans l’histoire,
Las ! sans moi n’existeraient pas !
De moi l’on parle avec prudence ;
Mais si je suis hors de raison,
Ou que je paraisse en démence,
Le Français me met en chanson.