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Page:Hilaire Le Gai (Gratet-Duplessis) Un million d’énigmes, charades et logogriphes.djvu/473

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Je n’en deviens que plus belle et meilleure.
Devant un énorme foyer
L’on me fait tourner à toute heure.
On croirait que je dois griller.
Point du tout, la cuisine où je me vois placée,
Est si vaste dans son contour,
Que d’un côté je suis froide et glacée,
Et que l’autre brûlant, devient froid à son tour.
Pour m’apprêter, il faut peu de dépense :
De l’eau dont en tournant on m’arrose à propos
Je rends une partie, et donne en récompense
De la graisse, du sang, de la chair et des os.
On a recours à moi pour faire bonne chère ;
De truffes, en hiver, mon ventre se remplit :
Mais malheur à qui me pourrit,
Je possède un tel appétit,
Que rien ne peut le satisfaire.
Je l’avoûrai, lecteur, en rougissant.
Toute chair me convient, même la chair humaine.
Je dois te dire cependant
Que parfois j’accepte sans peine
De simples végétaux, mais je les rends bientôt :
La chair, sans doute, est mieux ce qu’il me faut,
Je ne la rends jamais. Jusqu’ici tu m’as vue
Tenir à ton secours, fournir a tes repas ;
Mais, ô transition terrible, inattendue !
Prends garde, ami lecteur, où portes-tu tes pas ?