Aller au contenu

Page:Hilaire Le Gai (Gratet-Duplessis) Un million d’énigmes, charades et logogriphes.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À leur goût dangereux l’insensé qui se livre.
S’abreuve d’un subtil poison
Dont l’effet doit, au moins, altérer sa raison.
Lorsque je suis à grande feuille,
Il est bien rare qu’on m’accueille,
Le vulgaire de moi fait alors peu de cas.
Mais quand mes feuilles sont petites ou moyennes,
Souvent de vers elles sont pleines,
Et c’est même par là qu’elles ont plus d’appas.
Parmi ces vers, les uns se jouant avec grâce.
Vrais papillons, sont vifs et sémillants ;
Les autres lourds, pesamment se trainant,
Du triste ennui semblent suivre la trace ;
La feuille sur laquelle on trouve ces derniers,
Est un puissant soporifique
Qui par degrés amène un sommeil léthargique ;
À forte dose, elle a de grands dangers.
Puisque j’ai dit de moi tout le mal que j’en pense,
Pour l’acquit de ma conscience,
Je dois pourtant en dire un peu de bien :
Les grands talents, la vertu, la vaillance
Par moi trouvent leur récompense ;
Et du héros que flatte le une telle espérance,
Dans les périls, je deviens le soutien.
Mes feuilles forment la couronne
Qu’un lâche, un intrigant réclameraient en vain,
Et qui, lorsqu’une habile main,