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Page:Hinzelin - Poèmes et Poètes, 1890.djvu/134

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Le grand Secret


C’est le secret, le grand secret obscur encor,
Et que doit éclaircir la longue patience.
Un jour, il deviendra la suprême science :
On changera l’argent, le plomb, le cuivre en or.

Mais pour cette œuvre, il faut une âme au large essor,
Des mains pures, un cœur rempli d’insouciance,
Un front haut, une altière et forte conscience,
Et surtout le mépris de l’éclatant trésor.

Le secret, un savant jusque-là très austère
Le trouva : « Je suis donc un heureux de la terre,
Cria-t-il, et j’aurai de l’or jusqu’au genou ! »

A peine eut-il jeté le creuset et le livre,
Et fait ruisseler l’or dont son âme était ivre,
Que l’or devenu plomb fondait aux doigts d’un fou.