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introduction.

veloppements sur ses théories, s’il y avait joint, comme Hippocrate dans les Épidémies, l’histoire d’un certain nombre de ses malades.

Galien répète à diverses reprises[1], qu’Hippocrate ne s’est pas occupé des maladies en historien, comme Thucydide de la peste d’Athènes. Il assure que l’auteur athénien n’a écrit que pour le vulgaire, et n’a dit que des choses sans portée scientifique. Je ne puis nullement partager l’opinion de Galien. La description de Thucydide est tellement bonne qu’elle suffit pleinement pour nous faire comprendre ce que cette ancienne maladie a été ; et il est fort à regretter que des médecins tels qu’Hippocrate et Galien n’aient rien écrit sur les grandes épidémies, dont ils ont été les spectateurs. Hippocrate a été témoin de cette peste racontée par Thucydide, et il ne nous en pas laissé de description. Galien vit également la fièvre éruptive qui désola le monde sous Marc-Aurèle, et qu’il appelle lui-même la longue peste. Cependant excepté quelques mots épars dans ses volumineux ouvrages, excepté quelques indications fugitives, il ne nous a rien transmis sur un événement médical aussi important, à tel point que, si nous n’avions pas le récit de Thucydide, il nous serait fort difficile de nous faire une idée de celle qu’a vue Galien, et qui est la même (comme M. Hecker s’est attaché à le démontrer[2]) que la maladie connue sous le nom de Peste d’Athènes. C’était une fièvre éruptive, différente de la variole, et éteinte aujourd’hui. On a cru en voir des traces dans les charbons (ἄνθρακες) des livres hippocratiques.

Galien est le dernier des grands médecins de l’antiquité ; il s’en trouve après lui d’estimables, mais ils ne sont plus

  1. Tome V, p. 652, Éd. Basil.
  2. De Peste Antonianâ.