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série des commentateurs.

« Autre est l’enseignement, dit-il ailleurs[1], que l’on donne directement sur un sujet ; autre est celui qui a pour objet l’explication d’un texte : dans le premier cas, il suffit d’exposer les choses telles qu’elles sont ; dans le second, il faut d’abord connaître l’opinion de l’auteur ancien. Ce n’est donc qu’après une étude préliminaire qu’on peut écrire le commentaire. Le sens du texte étant une fois déterminé, reste à examiner s’il est conforme ou non à la vérité. »

On voit par ces citations que Galien avait parfaitement compris les devoirs d’un médecin critique, et qu’il avait fait une part aux recherches historiques que réclamaient la personne et les écrits d’Hippocrate ; une part à la correction du texte ; une part enfin, et la plus grande, à l’explication médicale. Aussi ses commentaires offrent une source précieuse de renseignements qui aident beaucoup à comprendre les écrits hippocratiques. On ne peut trop faire usage des conseils, des corrections et des explications d’un homme qui se donnait le soin de consulter les manuscrits, qui avait à sa disposition d’antiques bibliothèques, maintenant anéanties, qui possédait de très grandes connaissances dans la philosophie et les sciences, et qui est resté un maître dans la médecine. Le défaut de ses commentaires est non pas tant la prolixité, comme on l’a souvent dit, que le désir de soutenir ses propres théories à l’aide des écrits hippocratiques. Aussi néglige-t-il, dans ces écrits, les théories qui ne concordent pas avec les siennes, et il exalte outre mesure celles qui, comme la doctrine des quatre humeurs, forment la base de son propre système. Un autre défaut, c’est qu’il est extraordinairement avare d’observations, de faits particuliers et de descriptions de maladies. Nous goûterions davantage les dé-

  1. Tome v, p. 397, Éd. Basil.