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travaux modernes sur les livres hippocratiques.

qu’Aristote a pris la théorie des quatre humeurs à Hippocrate. « Soit que l’on admette comme Anaxagore, dit-il[1], que le corps est composé de parties similaires, soit qu’on le suppose constitué par le chaud, le froid, le sec et l’humide, comme l’ont pensé Chrysippe, tous les Stoïciens, et avant eux Aristote et Théophraste, et avant eux encore Platon et Hippocrate, la symétrie de tous les éléments constitue la santé. » Et ailleurs : « En lisant les écrits d’Aristote et de Théophraste, on les prendrait pour des traités sur la physiologie d’Hippocrate ; c’est toujours le froid, le chaud, le sec et l’humide, qui sont agents et patients. Le plus actif est le chaud, puis le froid ; tout cela a été dit par Hippocrate, puis répété par Aristote[2]. » Or, j’ai rappelé (p. 166) que le médecin de Pergame a lu et consulté un livre où un disciple d’Aristote avait rassemblé toutes les anciennes théories médicales. Il n’a donc pu se tromper sur la question de savoir qui, entre Hippocrate et Aristote, était le prêteur et l’emprunteur. Mais ce qui est complètement décisif contre la chronologie que M. Link a voulu établir, c’est qu’Aristote lui-même cite un morceau de Polybe, et ce morceau se retrouve dans le traité de la Nature de l’homme, où la doctrine des quatre humeurs est complètement exposée.

La troisième classe ou troisième théorie renferme un seul traité, celui de l’Ancienne médecine. L’auteur y plaide contre la doctrine des quatre qualités élémentaires, le chaud, le sec, le froid, l’humide, et il place la cause des dérangements de la santé dans un mélange non convenable de l’amer, du doux, de l’acre, de l’acerbe, etc. Ce livre, du reste bien fait, ne peut être d’Hippocrate, puisqu’il combat une doctrine dérivée de la philosophie d’Aristote.

  1. T. i, p. 288, Éd. Basil.
  2. T. i, p. 100.