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introduction.

Tout le morceau d’Aristote est curieux. Ce naturaliste ne paraît pas avoir d’idées précises sur la distinction entre les artères et les ramifications de la trachée-artère. Selon lui, les artères sont pleines d’air, les veines de sang ; l’homme a besoin d’esprits, et les esprits d’humeurs ; les artères s’unissent aux veines, et cela est manifeste aux sens[1]. Cette communication visible qui, d’après Aristote, existe entre les artères et les veines, est conforme au passage, cité plus haut, du traité des Articulations. On voit qu’il s’agit là de communications mal comprises entre les gros troncs des artères, des veines et des bronches, et non des communications que les modernes ont reconnues entre les extrémités des veines et des artères. Le passage d’Aristote sur la communauté des artères et des veines est très important ; car il explique celui du livre sur les Articulations, où on aurait pu être tenté de voir une anatomie beaucoup plus savante qu’elle ne l’est réellement. C’est donc encore un second fait qui montre que l’on ne peut accorder la découverte de la distinction des artères et des veines à Praxagore ; car la voilà dans les écrits d’Aristote. Ce n’est pas tout : Aristote ne s’en fait pas honneur ; il la rapporte comme un fait notoire ; de sorte qu’elle remonte encore au-delà de lui. Ces renseignements sont certains ; et il est encore possible d’aller beaucoup plus loin.

Diogène d’Apollonie, qui est antérieur à Hippocrate, plaçait l’intelligence dans la cavité artériaque du cœur, qui est aussi la cavité pneumatique[2]. Ce philosophe, qui admettait que la force gubernatrice, soit dans l’univers, soit dans

  1. Τὰς δὲ φλέβας καὶ τὰς ἀρτηρίας συνάπτειν εἰς ἀλλήλας, καὶ τῇ αἰσθήσει φανερὸν εἶναι. De spir., cap. V.
  2. Ἐν τῇ ἀρτηριακῇ κοιλίᾳ τῆς καρδίας, ἥτις ἐστι καὶ πνευματική. Plut., De Plac. Phil., iv, 5.