tique littéraire, rien ne prévaut contre un témoignage positif, je ne vois pas ce qu’on pourrait opposer à ces deux faits que j’ai rapprochés, la connaissance des artères et des veines consignées dans le traité des Articulations, et la date de ce traité, placé sans contestation à une époque antérieure non seulement à Praxagore, mais à Dioclès lui-même.
Je pourrais me contenter de cet argument, et regarder comme décidée par l’affirmative la question de savoir si la distinction des veines et des artères a été connue avant Praxagore. Mais, dans une matière aussi peu connue que l’histoire médicale de cette période même qui a précédé Praxagore, je crois devoir réunir d’autres faits non moins probants, et donner quelques explications sur les confusions réelles qui ont existé dans l’ancien langage anatomique.
Aristote parle de la distinction des artères et des veines, et il ne remarque pas que cette distinction soit récente. « La peau, dit-il[1], est composée de veines, de ligaments (νεῦρα) et d’artères, de veines, car piquée, elle fournit du sang ; de ligaments, car elle possède de la tension ; d’artères, car elle a une expiration. Cette constitution de la peau suivant Aristote devint pour Érasistrate la constitution de tous les organes. D’après le médecin alexandrin, les principes constitutifs de tout le corps étaient une triple combinaison des nerfs, des veines et des artères[2].
- ↑ De spiritu, cap. v. Ce traité est regardé par Sprengel comme n’étant pas d’Aristote. Le sens du mot νεῦρον (ligament) est d’Aristote, et non de l’époque d’Érasistrate et d’Hérophile.
- ↑ Καὶ Ἐρασίστρατος δὲ ὡς ἀρχὰς καὶ στοιχεῖα ὅλου σώματος ὑποτιθέμενος τὴν τριπλοκίαν τῶν ἀγγείων, νεῦρα, καὶ φλέβας, καὶ ἀρτηρίας. Galien, t. iv, p. 375, Éd. Basil. Dans Érasistrate, qui fit faire de grands progrès à l’anatomie, νεῦρον a le sens précis de nerf. Galien remarque que Érasistrate oublie, dans son idée de la constitution du corps vivant, les liquides et les esprits.