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de la doctrine médicale d’hippocrate.

Il importait beaucoup à des prêtres, il était dans leur caractère, il était dans les habitudes de tout l’ordre sacerdotal en Grèce, d’essayer de percer le voile de l’avenir, et, dans les temples des Asclépiades, de prédire les événements pathologiques dont le corps de chaque malade allait être le théâtre. De là le cachet de prévision, le cachet pronostic, si je puis m’exprimer ainsi, que présente l’ancienne médecine des prêtres asclépiades. Mais la divination ne s’applique pas seulement à l’avenir, elle s’applique aussi à un présent et à un passé que l’on ignore. C’est pourquoi le mot de prognose (προγινώσκειν) a été employé pour exprimer ce travail d’esprit, ce jugement médical qui avait pour but d’apprécier l’état passé, présent et futur du malade. Jusque là ce fut un métier ; mais ce fut une science, quand l’école de Cos, embrassant à la fois ces trois temps, vit ainsi, dans chaque maladie, non plus une succession de phénomènes bizarres, désordonnés et sans loi, mais un enchaînement où chaque fait avait sa raison dans le fait précédent. Là, ce me semble, est le passage de l’empirisme des temples à la doctrine de l’école, et peut-être est-ce à Hippocrate lui-même qu’il faut attribuer ce progrès. Au reste, la trace évidente en est dans le mot même de prognose (προγινώσκειν), qui est resté attaché au principal travail d’Hippocrate sur cette matière. C’est donc de la divination médicale dans les temples, et des observations sur lesquelles elle se fondait, qu’est née la prognose d’Hippocrate, doctrine profonde d’après laquelle toute maladie est à la fois une et commune, une par son développement, commune par certains phénomènes que j’appellerai ici, pour abréger, état général, et que Galien, en expliquant Hippocrate, nomme diathèse. On ignore ce que fut la médecine des Égyptiens et des autres peuples de l’Orient, et si elle est jamais sortie hors du cercle des re-