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introduction.

scientifique n’avait rien perdu de son énergie, ni le travail de son attrait, ni la pratique de ses encouragements.

Mais en même temps on trouve, dans cette Collection, des morceaux d’auteurs différents, Polybe et Euryphon, sans compter Hippocrate ; les œuvres d’autres mains étrangères, sans aucun doute, y sont incorporées. La démonstration donnée pour Polybe et pour Euryphon ouvre le champ à la critique, et lui permet de parler avec plus de certitude des faux titres donnés à des livres qui portent le nom d’Hippocrate et ne sont pas de lui. À côté de ces interpolations on rencontre des livres tronqués dont la fin manque, ou dont le commencement a disparu. Puis viennent des notes publiées sans choix et sans rédaction. On aperçoit la contrariété des doctrines, la différence des styles on reconnaît des emprunts de ces livres l’un sur l’autre. Ces emprunts sont en trop grand nombre pour être énumérés ici ; et, au point où nous sommes arrivés en ce moment, nous n’avons pas les moyens de distinguer quel est l’emprunteur, quel est le prêteur, et dans quel cas un même auteur répète et reproduit ses propres idées.

De ce point de vue, la Collection hippocratique est un chaos ; au milieu apparaissent des parties d’une conservation parfaite, tandis que d’autres ne sont que ruine et fragments. Tous nos efforts doivent tendre à nous y reconnaître, à y remettre de l’ordre ; car, a dit Bacon, Citius emergit veritas ex errore quam ex confusione. Si nous n’appelions pas d’ailleurs des lumières qui nous éclairassent, si nous nous contentions des seules ressources que nous fournirait une méditation assidue des textes hippocratiques, nous arriverions sans doute à obtenir quelques résultats qui, bien que probables en eux-mêmes, resteraient encore sujets au doute et à la contestation ; et, dans tous les cas, ils ne dépasseraient ja-