Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/103

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série des commentateurs.

Cette discussion me conduit à une autre question, c’est de savoir si Hérophile a laissé un témoignage sur le Traité des lieux dans l’homme. Il s’agit encore ici d’un texte corrompu. On lit dans Galien[1] : « Érotien prétend qu’on appelle kammoron non seulement l’animal lui-même (c’est un animal semblable à une petite crevette), mais la mousse qui y adhère. Zénon l’hérophilien assure que le kammoron est la ciguë ; Zeuxis, un médicament réfrigérant. » Les manuscrits et les imprimés présentent beaucoup de variétés sur le nom d’Érotien ; les uns portent Érotinon, les autres Érotinus ; d’autres Hérophile. Le texte est certainement altéré ; si l’on recherche dans le Glossaire d’Érotien l’explication citée par Galien, on ne l’y trouve pas, ni rien qui y ressemble ; et comme l’on manque de moyens pour constater quelle est la véritable leçon, on ne peut rien en conclure pour Hérophile.

Dès cette époque reculée, les grammairiens ont travaillé comme les médecins à expliquer les mots des livres hippocratiques. Xénocrite de Cos, compatriote d’Hippocrate, est, au dire de Callimaque l’hérophilien, d’Héraclide de Tarente et d’Apollonius de Cittium, le premier grammairien qui ait

    démies : Ζήνων καὶ Ἡροφίλειος, οὐχ ὁ τυχὼν ἀνὴρ, ἐξηγούμενος… ἐν τῷ τρίτῳ τῶν Ἐπιδημιῶν. Il est évident par le contexte de la phrase qu’au lieu de Zénon et Hérophile, il faut lire Zénon de la secte hérophilienne (Ζήνων ὁ Ἡροφίλειος). Fabricius (Bibl. Gr. T. 15, p. 454) et Schulze (Hist. med. p. 382) ont indiqué cette correction, qui, au reste, tend à faire suspecter davantage le texte, cité plus haut, relatif à Hérophile et à Bacchius.

  1. Gloss. p. 490, Éd. Franz. Voici le texte grec : Ὅθεν καὶ Ἐρωτιανὸς οὐ μόνον αὐτὸ τὸ ζῶον κάμμορον, ἀλλὰ καὶ τὸ περικείμενον αὐτῷ βρύον, οὕτως ὀνομάζεσθαι φησι. Ζήνων δὲ ὁ ᾙροφίλειος τὸ κώνειον, Ζεῦξις δὲ φάρμακον ψυκτικόν.