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introduction.

La mention du livre de Ménon, quoiqu’elle ne nous donne aucune notion directe, nous fournit un argument indirect d’une grande force touchant l’antiquité des écrits hippocratiques. Tout ce que les anciens critiques, tels que Galien, Érotien, et les commentateurs d’Alexandrie, s’accordent à placer avant la fondation du péripatétisme, doit nécessairement être admis comme réellement antérieur à Aristote ; car on avait, du temps de ces différents critiques, le livre même d’un disciple de ce grand philosophe pour contrôler les assertions qui auraient attribué aux écrits de la Collection hippocratique une antiquité trop reculée. Ce n’est donc pas sur de pures conjectures, sur des traditions incertaines, sur des données sans fondement que les anciens se sont accordés à fixer l’époque de la composition des principaux écrits hippocratiques vers le temps d’Hippocrate lui-même, ou vers celui de ses fils et petits-fils ; ils avaient, dans l’ouvrage de Ménon, un point solide où la critique pouvait s’établir. Quoique ce point nous manque, rappelons-nous qu’il a existé pour eux, et cette considération, digne de toute l’attention de la critique moderne, jettera une certaine lumière sur des questions obscures.