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rapports entre certains livres hippocratiques.

sphacèle des chairs survient : dans les plaies avec hémorrhagie sur lesquelles on exerce une forte constriction ; dans les fractures des os que l’on serre trop ; en général, dans les parties qui sont étreintes dans des liens trop étroits. Beaucoup de blessures pareilles guérissent chez ceux qui perdent une portion des chairs et de l’os, soit à la cuisse, soit au bras ; la guérison est plus difficile à l’avant-bras et à la jambe ; mais des blessés supportent encore cet accident, et survivent. Dans les cas de fracture où la lividité et la gangrène s’établissent aussitôt, la séparation se fait promptement avec le corps ; et les parties qui doivent tomber, tombent bientôt, attendu que les os ont déjà succombé à l’influence de la lésion. Quand la lividité survient, les os étant sains, les chairs meurent promptement, il est vrai, mais les os se détachent lentement là où s’établit la limite de la lividité et de la dénudation de l’os. Les parties situées au-dessous de la lividité, quand elles sont complètement mortes et insensibles, doivent être retranchées dans l’articulation, et le médecin aura soin de ne pas blesser les parties saines. Car, si l’opéré ressent de la douleur, et si les parties ne sont pas mortes là où la résection se pratique, il est à craindre que la douleur ne cause une défaillance ; et beaucoup de malades ont péri soudainement dans de telles syncopes. J’ai vu l’os de la cuisse, ainsi dénudé, se détacher le quatre-vingtième jour. À ce même malade, la jambe avait été enlevée, dans l’articulation du genou, le vingtième jour. On aurait pu, je pense, l’enlever plus tôt ; mais je voulus que rien ne se fît précipitamment, et que la prudence réglât l’opération. Dans un cas semblable de gangrène où le mal s’étendait jusqu’au milieu de la jambe, j’ai vu tomber, vers le soixantième jour, tout ce qui des deux os était dénudé. Le trai-