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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

Comprenons bien le sens de ce morceau d’Hippocrate : certains médecins et sophistes prétendent qu’on ne peut savoir la médecine sans connaître la nature de l’homme ; Hippocrate retourne cette pensée, et dit qu’on ne peut connaître la nature de l’homme, si l’on ne sait pas la médecine. Pour y arriver, il faut embrasser cette science dans sa véritable généralité. Cette généralité, c’est l’étude de l’homme, en ce sens que c’est l’étude de ses rapports avec ce qui l’entoure, et que c’est de cet ensemble que le médecin doit tirer les détails d’application, c’est-à-dire apprendre comment le corps humain se comporte à l’égard des aliments, par exemple, et quel effet il reçoit de chaque substance. Phèdre donne le nom de méthode à la doctrine d’Hippocrate sur ce point. Une méthode est en effet tracée dans le passage précédemment cité de l’Ancienne médecine. Hippocrate se met au point de vue des connaissances qu’embrasse cette science, et des rapports qu’elle observe entre l’homme et le reste des choses, pour considérer le corps, et déclarer qu’on n’obtiendra sur cet objet des notions positives que par la méthode qu’il indique. Et c’est si bien une méthode, qu’il ne la trace que pour l’opposer à celle des anciens philosophes. Eux ont pris l’homme et ont essayé d’en expliquer la composition à l’aide des principes qu’ils admettaient comme causes de toutes choses ; lui, demande qu’on procède autrement, qu’on embrasse, dans sa véritable généralité, la médecine, c’est-à-dire la science des rapports du corps humain avec les objets qui l’entourent, et que, de cette comparaison,

    l’autorité d’un manuscrit. La lacune très importante et non soupçonnée que ce manuscrit m’a permis de faire disparaître, est une des bonnes fortunes qui ont récompensé le labeur, continué pendant plusieurs années, de la collation de tous les manuscrits hippocratiques que renferme la Bibliothèque royale de Paris.