Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 1.djvu/33

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Suivant Philolaüs, pythagoricien qui a composé un Traité sur la nature, il est quatre organes principaux : le cerveau, le cœur, l’ombilic et les parties génitales. A la tête appartient l'intelligence, au cœur l’âme sensible, à l’ombilic l’enracinement et la germination, aux parties génitales l’émission de la semence et la génération. Le cerveau est le principe de l’homme, le cœur celui de l’animal, le nombril celui du végétal, les parties génitales celui de toutes choses[1]. Cette opinion est remarquable parce qu’elle admet certains degrés dans la vie des êtres : d’abord l’existence commune à tous, et qui consiste dans la procréation ; ensuite l’existence des plantes ; puis celle des animaux qui se distinguent par une âme sensible ; enfin la vie de l'homme caractérisée par la raison. Tous ces degrés de l’existence vivante sont tellement ordonnés, que le plus élevé contient tout ce qui constitue les degrés inférieurs. Il serait facile de voir dans ce fragment de Philolaüs un germe de la grande idée des anatomistes modernes qui cherchent à démontrer l’uniformité d’un plan dans le règne animal.

A l’école philosophique des Pythagoriciens se rattache l’école médicale de Crotone en Italie. On ne voit nulle part qu’il y ait eu dans cette ville un Asclépion, ni par conséquent des asclépiades. Hérodote, qui, exilé dans la Grande Grèce, composa son histoire à Thurium, dans le voisinage de Crotone, nous apprend que, de son temps, l’école médicale de cette ville était la plus célèbre. Il place au second rang celle de Cyrène, en Afrique, de laquelle nous ne savons rien autre chose, et qui n’a rien produit ou dont il n’est rien resté. À cette époque la réputation des écoles de Cos et de Cnide n’avait pas attiré l’attention de l’historien, et Hérodote n’en dit

  1. Theologumena arithmetices 4, p. 22.