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introduction.

été soutenue par Diogène, né à Apollonie en Crète. On le dit contemporain d’Anaxagore, par conséquent un peu antérieur à Hippocrate. Cette considération est importante ; car elle détruit des préjugés sur l’état des connaissances anatomiques au temps d’Hippocrate : Diogène avait cultivé l’anatomie, et Aristote nous a conservé un long fragment de son Traité de la nature[1], dans lequel on trouve une description de l’origine et de la distribution des veines. Diogène commence sa description en les suivant par le ventre jusqu’à la colonne vertébrale, et il dit positivement que deux des plus grosses appartiennent au cœur. De là il les conduit par le col jusque dans la tête. Il connaissait en outre les ventricules du cœur ; il plaçait dans le ventricule gauche le principe directeur de l’âme ; l’on peut admettre (je le montrerai dans le chapitre X) que Plutarque a rapporté textuellement ses paroles : il avait donc une certaine notion des artères ; car il appelle ce ventricule artériaque[2]. Un point non moins important des doctrines de Diogène pour l’histoire de la médecine à cette époque, c’est l’influence qu’il attribue à l’air dans sa théorie sur les êtres animés. Suivant lui, c’est l’air qui est la cause de l’intelligence chez l’homme, en se répandant dans le sang par les veines de tout le corps[3], suivant lui encore, il est nécessaire

  1. Aristote (Histoire des animaux liv. III,) ne dit pas que le fragment de Diogène ait été pris dans le livre de la nature, mais cela résulte d’un passage de Simplicius (Phys. p. 33, Ed. Ald.) qui dit que dans ce livre Diogène a donné une anatomie exacte des veines : ἀνατομὴν ἀχριβῆ τῶν φλεβῶν παραδίδωσιν. Cela ne peut s’entendre que du morceau conservé par Aristote.
  2. Διογένης (τὸ τῆς ψυχῆς ἡγεμονικὸν τίθησιν) ἐν τῇ ἀρτηριακῇ κοιλίᾳ τῆς καρδίας, ἥτις ἐστὶ καὶ πνευματική. Plut. de plac. phil. IV, 5.
  3. Simplicius, Phys. p. 33, Ed. Ald.