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de la doctrine médicale d’hippocrate.

dont l’admission est une preuve qu’Hippocrate n’était pas étranger aux doctrines qui comparaient l’homme au monde, le microcosme au macrocosme, il est clair que son étiologie est toute dans l’étude des causes extérieures, comme nous verrons plus loin que sa pathologie est toute dans l’action des humeurs nuisibles. Ce qu’Hippocrate savait le mieux, c’étaient les effets produits sur le corps par l’alimentation, le genre de vie et l’habitation ; ce qu’il savait le moins, c’était le mécanisme des fonctions. De là le caractère de son étiologie, toute tournée vers le dehors. Il a dit que, pour embrasser la médecine dans sa véritable généralité il faut étudier l’action de tous les aliments, de tout le genre de vie, de tout ce qui entoure l’homme ; c’est certainement un des plus grands programmes de l’étiologie qui aient été tracés et une des indications les plus profondes qui aient été données à la médecine. Ce programme, qui ne laisse en dehors que le mouvement et le développement spontané de la vie, s’est résumé pour Hippocrate dans l’étiologie que je viens d’exposer. Mais il est vrai de dire qu’il n’est pas épuisé, et que le remplir est encore une des tâches principales de la science. Je reviendrai ailleurs sur cette pensée qu’Hippocrate a déposée dans un de ses livres les plus remarquables ; seulement il faut observer qu’un plan de recherches ainsi conduites, ayant pour objet l’être vivant dans ses rapports avec le monde ambiant, comprend essentiellement l’hygiène et la pathologie ; par conséquent, bien qu’il présente des lacunes, il offre une base solide et immense à l’étude, et l’on conçoit qu’animée par une pensée si juste et si féconde, la vieille médecine de la Grèce et d’Hippocrate ait fait un si heureux choix dans son observation de la nature, et légué à l’avenir, avec un trésor d’expérience, une méthode qui a exercé de loin comme de près une influence puissante et salutaire.