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vie d’hippocrate

l’incendiaire d’un temple enseignât tranquillement la médecine, comme nous le représente Platon, seul croyable en ceci. Strabon, le géographe, nous a conservé une tradition qui est bien plus concordante avec tous les faits connus d’ailleurs, et qui a tous les caractères de la probabilité. « On rapporte, dit-il, qu’Hippocrate s’exerça particulièrement sur le régime dans les maladies en étudiant les histoires de traitement qui étaient déposées dans le temple de Cos[1]. » Tout porte à croire que le recueil de ces histoires existe encore, et qu’il constitue ce qui est connu dans la collection hippocratique sous les titres de Prénotions coaques et de ler livre des Prorrhétiques.

Il n’est pas besoin de dire que toutes les représentations qui ont été faites de la figure d’Hippocrate sont idéales ; les statues n’ont été des portraits que long-temps après lui. Les artistes anciens se sont accordés pour le représenter la tête couverte, tantôt du pileus, tantôt des plis de son manteau.

L’antiquité, on le voit, avait déjà perdu les moyens de faire une biographie détaillée d’Hippocrate. Mais quoiqu’il y ait là une lacune que désormais rien ne peut plus combler, cependant il en reste assez pour apprécier le rôle qu’a joué Hippocrate et la place qu’il a tenue. Praticien, professeur, écrivain, il a joui de l’estime de ses contemporains ; descendu d’une famille qui faisait remonter son origine jusqu’à l’âge héroïque, il lui a donné plus de gloire qu’il n’en avait reçu, attaché à une corporation qui desservait un temple d’Esculape, il a fait prévaloir l’école de Cos sur toutes les écoles médicales qui l’ont immédiatement suivie ; et, de bonne heure, ses écrits étaient médités et cités par Platon.

  1. Geograph. XIV, p.  m. 657.