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introduction.

que les livres en question n’avaient jamais dû être publiés sous cette forme, mais que les disciples ou les descendants de celui qui avait ainsi jeté sans ordre ses réflexions, avaient, après sa mort, publié l'œuvre posthume telle qu’ils l’avaient trouvée.

Une autre explication n’est pas admissible sur la composition même des livres dont il s’agit ici. Quant à la publication, j’essaierai d’en déterminer le mode dans un des chapitres suivants. En attendant, je prends acte de leur contexte même, de leur incohérence, de leur incorrection, de leur obscurité, du jugement unanime qu’en ont porté les anciens critiques, pour faire observer que la nature même de tous ces défauts prouve qu’ils n’ont pu être l’œuvre de quelque faussaire qui aurait voulu, par amusement ou pour l’amour du gain, supposer des écrits qu’il aurait attribués à Hippocrate. Un faussaire s’y serait pris autrement. Ses compositions auraient eu au moins de la suite, et jamais il n’aurait imaginé, pour donner plus de créance à ses suppositions, d’y jeter l’incroyable désordre, l’extrême incohérence, le décousu des phrases qui règnent dans tout le cours de ces livres. Il aurait fait du vraisemblable, il n’aurait pas atteint le vrai. Le vrai ici réside dans une particularité qui ne pouvait être devinée avant un exemple : c’est que des notes, sans liaison et sans rédaction, seraient livrées à la publicité. Ajoutons que ces notes sont quelquefois profondes, ingénieuses, savantes, et toujours essentiellement médicales ; autres conditions auxquelles un faussaire aurait pu songer, mais qu’il aurait été incapable de remplir.

Des noms de pays sont cités dans la Collection hippocratique. Il y est fait une mention très fréquente de l’île de Thasos. On y trouve aussi nommés Abdère et Périnthe en Thrace, Olynthe dans la Chalcidique, Larisse, Cranon et Phère en Thessalie,