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introduction.

anatomiques, et chef d’une secte qui porta son nom, forme l'anneau entre les temps anciens et les temps nouveaux qui s’ouvrirent pour la médecine à Alexandrie. À tous ces titres, il mérite une grande confiance ; il en mérite encore une particulière dans le sujet dont je m’occupe ici, à cause de son séjour dans une ville telle qu’Alexandrie, où une bibliothèque publique se formait, et où l’érudition commençait à établir son siège. Ses livres sont perdus ; mais d’autres écrivains, Galien, Étienne, nous ont appris qu’il avait commenté un des traités d’Hippocrate.

Puisque Hérophile a commenté Hippocrate, il est impossible qu’Érasistrate ne l’ait pas connu. Galien, en différents endroits, dit qu’évidemment Érasistrate était jaloux des médecins de Cos[1], qu’il est toujours disposé à contredire Hippocrate[2]. De telles assertions, de la part de Galien, ne permettent pas de douter qu’Érasistrate n’ait nommé le médecin de Cos dans quelqu’un de ses ouvrages. Ces ouvrages sont perdus ; mais malgré son inimitié pour les doctrines hippocratiques, malgré tous ses efforts pour faire prévaloir les siennes, on trouve, même dans les courts fragments qui nous en ont été conservés, des traces de la connaissance des livres hippocratiques. Érasistrate avait dit dans un de ses écrits : « Les affections changent, et ce changement s’opère suivant la loi du transport des maladies. Ainsi l'épilepsie est enlevée par la fièvre quarte ; la convulsion par une fièvre quelconque ; l’ophthalmie par la diarrhée ; la péripneumonie par la pleurésie ; la somnolence fébrile par le délire fébrile[3] ». Ce passage, remarquable par le fond même et par l’idée d’une loi qui règle le transport des maladies, contient

  1. Δῆλός ἐστι πρὸς τοὺς ἀπὸ Κῶ φιλοτιμούμενος. t. 1, p. 52-4.
  2. Ἐρειστικῶς ἔχειν πρὸς τὸν ἄνδρα (Hippocrate). t. IV, p. 4.
  3. Gal. Comm. in 2 Epid. Ed. Sozomeno, p. 80.