Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 2.djvu/27

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utilité au médecin, lui importe beaucoup [1] Mais il m’est impossible de voir une contradiction entre ces deux passages. Dans le premier, Hippocrate cite les choses des régions supérieures, μετέωρα, comme un exemple des cas où les hypothèses sont inévitables, attendu que toute vérification directe est impossible ; dans le second, il assure que l’observation des changements des saisons, du lever et du coucher des astres, n’est pas de la spéculation météorologique, mais appartient à l’astronomie, science fort utile à la médecine.

C’est au même temps que M. Petersen rapporte la composition du livre de l’Art et de celui du Médecin, lesquels, dit-il, imitent la forme des discours prononcés en public. La méthode sophistique, dit M. Petersen, se montre dans les écrits de ce genre ; et il est possible de prouver que des sophistes qui se vantaient d’avoir acquis la science universelle, avaient aussi touché à la médecine ; non-seulement Protagoras, dans le dialogue de Platon qui porte ce nom, prétend savoir ce qui convient aux hommes, aux animaux et aux plantes, mais encore Prodicus de Céos avait écrit un livre sur la nature de l'homme, où il s’était efforcé de corriger, conformément à ses études sur les mots, la langue des médecins. Il avait blâmé le mot phlegme, φλέγμα, et avait voulu qu’on le remplaçât par le mot βλέννα[2]. Ce mot βλέννα est employé dans le livre du Régime des gens en santé, dans le second livre des Maladies, dans le second livre des Prorrhétiques, dans le quatrième livre des Épidémies, dans les ouvrages des Maladies des femmes et de la Nature de la femme. M. Petersen conjecture que ce mot est d’origine italienne ou sicilienne, attendu qu’un mot qui

  1. Εἰ δὲ δοϰέοι τις ταῦτα μετεωρολόγα εἶναι, εἰ μεταστοταίη τῆς γνώμης, μάθοι ἂν ὅτι οὐϰ ἐλάχιστον μέρος ξυμβάλλεται ἀστρονομίη ἐς ἰητριϰὴν, ἀλλὰ πάνυ πλεῖστον. Τ. 2, p. 14.
  2. Gal. t. Ι, p. 106, éd. Bas.