Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 2.djvu/63

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La doctrine de l'influence des climats sur le caractère, les dispositions et les mœurs des peuples, doctrine nettement établie par Hippocrate, a fait fortune, et de grands esprits l’ont acceptée sans restriction; il suffit ici de nommer Montesquieu. Mais elle ne doit pas aller jusqu’à une complète abstraction de toutes les autres circonstances. Sans doute , le climat exerce une action énergique sur les peuples; et Hippocrate a eu besoin d’une observation attentive et d’une philosophie profonde pour reconnaître que l’homme, être inconstant, variable, et, ce semble, indépendant par cela même, est néanmoins modifié par les influences permanentes du sol, de l’atmosphère et de la température; car, au premier abord , et pour ainsi dire a priori, quel rapport trouver entre les facultés de l’esprit et les conditions climatologiques? Un rapport existe cependant; et il a été donné à l’antique science de le saisir dans sa réalité. Mais il appartient à la science moderne de le circonscrire dans de justes limites ; et l’histoire s’est chargée de ce soin. Hippocrate dit que c’est la nature du climat qui rend les Européens plus belliqueux que les Asiatiques. Or, il est arrivé dans le cours du temps que les Perses, si facilement vaincus par les Grecs, ont été plus tard invincibles pour les Romains; que les Grecs ont été trouvés faibles à l’heure de leur décadence, et que les Arabes ont eu, à leur tour, la palme de la valeur guerrière. De tels exemples suffisent pour montrer que la vertu militaire n’est attachée à aucun climat. Hippocrate lui-même apporte à sa doctrine une certaine restriction, quand il dit que les institutions politiques modifient notablement le moral des peuples; et il ajoute que les nations asiatiques, soumises au despotisme, sont moins belliqueuses que les nations européennes gouvernées par leurs propres lois. Je ferai ici la même remarque que j’ai faite plus haut; c’est que la vertu militaire ne dépend pas plus des institutions