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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/497

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de la nourriture une fois ou deux fois, en plus grande quantité, en moindre quantité, et par petites portions : on doit accorder quelque chose à l’habitude, à la saison, au pays, à rage.

18. Pendant l’été et l’automne, la nourriture est supportée le plus difficilement, le plus facilement pendant l’hiver, en second lieu pendant le printemps.

19. Dans les redoublements qui reviennent périodiquement, ne rien accorder, ne rien prescrire[1], mais retrancher quelque chose de la nourriture avant les crises[2] (Des humeurs).

20. Ne pas mettre en mouvement ce qui se juge ni ce qui est jugé complètement, et n’innover ni par des évacuants ni par d’autres excitations, mais laisser les choses en l’état (Des hum.).

21. Les humeurs qu’il faut évacuer, les évacuer du côté où elles tendent le plus, par les voies convenables (Des hum.).

22. Purger et mettre en mouvement les humeurs en état de coction, mais non en état de crudité, non plus que dans

  1. MM. Lallemand et Pappas ont traduit : Il ne faut prescrire ni même permettre aucun aliment. D’après M. Chailly, cela signifie : N’accordez rien au malade qui demande, et ne forcez pas de prendre celui qui refuserait. » Je crois que ἀναγκάζειν fait allusion à l’ἀναγκοφαγία, c’est à-dire à l’alimentation réglée qui était imposée aux athlètes, et que l’aphorisme signifie : N’accordez pas au malade la nourriture qu’il pourrait demander ; n’allez pas non plus vous aviser de lui prescrire une certaine nourriture (ἀναγκοφαγία) ; la gradation dans l’aphorisme est non pas la recommandation de ne pas prescrire, puis la recommandation de ne pas permettre, mais la recommandation de ne pas permettre, puis la recommandation de ne pas prescrire ; c’est-à-dire qu’Hippocrate veut que non-seulement on N’accorde pas au malade ce qu’il pourrait demander, chose doublement dangereuse à cause de l’ignorance du malade et à cause de l’inopportunité, mais encore qu’on n’aille pas lui prescrire une certaine alimentation réglée, chose qui serait encore dangereuse à cause de l’inopportunité.
  2. Galien dit que κρίσις peut signifier ici ou le redoublement, ou la crise proprement dite, ou le summum de la maladie, et que dans ces trois significations l’aphorisme est vrai. Théophile et Damascius entendent κρίσις dans le sens de redoublement.