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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/575

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41. Voulez-vous savoir si une femme est enceinte ? Au moment où elle va se coucher et sans qu’elle ait pris le repas du soir, donnez-lui à boire de l’hydromel ; s’il survient des tranchées dans le ventre, elle est enceinte ; sinon, elle ne l’est pas (Voy. Des femmes stériles).

42. Une femme enceinte a bonne couleur si elle porte un garçon, mauvaise si elle porte une fille.

43. Si, chez une femme enceinte, il survient un érysipèle de la matrice, cela est funeste.

44. Les femmes extraordinairement maigres, devenant enceintes, avortent tant qu’elles n’ont pas de l’embonpoint[1].

  1. D’après Galien, les anciens commentateurs avaient donné trois explications de cet aph. Les uns pensaient que la femme avortait dans tous les cas, soit qu’elle restât maigre, soit qu’elle prît de l’embonpoint ; les autres, qu’elle avortait dans le cas où elle ne prenait pas de l’embonpoint ; d’autres, qu’elle était surtout exposée à avorter quand elle prenait de l’embonpoint. Galien regarde cette dernière explication comme la moins probable, cependant elle avait été adoptée par Numesianus ; d’après ce commentateur, il s’agissait des femmes qui, devenues très maigres, et ayant besoin de se refaire, concevaient auparavant, et qui ne pouvaient reprendre de l’embonpoint sans que le sang destiné à la nutrition du fœtus ne fût détourné de sa destination, ce qui causait l’avortement. Je ne suis aucune de ces interprétations ; ce qui a fait difficulté pour les interprètes, c’est qu’ils ont considéré une femme très maigre dans une grossesse actuelle, au lieu de la considérer par rapport à des grossesses futures et à la possibilité de ne plus avorter. Dans cet aph., Hippocrate déclare simplement que les femmes extraordinairement maigres sont sujettes à avorter et qu’elles ne cessent de l’être qu’en prenant de l’embonpoint. Le sens de cet aph. me paraît déterminé par la comparaison avec l’aph. 46. Les mots παρά φύσιν λεπταί avaient aussi été interprétés diversement : les uns, comme Numesianus, entendaient que la femme enceinte avait perdu de son embonpoint, c’est-à-dire qu’il s’agissait d’un amaigrissement relatif; les autres entendaient qu’il s’agissait d’un amaigrissement excessif, pris absolument. Les deux explications, dit Galien, sont plausibles.