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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/587

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phthisiques n’ayant pas une très-grande fièvre ; on en donnera aussi dans les fièvres lentes et de longue durée, quand il n’existe aucun des symptômes énoncés plus haut, mais quand la consomption est excessive.

65. Ceux dont les plaies s’accompagnent de gonflement ne sont guère exposés aux convulsions ni au délire ; mais, le gonflement disparaissant tout-à-coup, il survient, en cas de plaies situées par derrière, des convulsions, le tétanos ; en cas de plaies situées par devant, du délire, des douleurs de côté aiguës, ou de la suppuration, ou la dysenterie si la tumeur tirait sur le rouge[1] (Ép. II, 3).

  1. Galien dit que dans cet aph. on ne sait si l’auteur a compris les plaies des membres ; et que, s’il l’a fait, la proposition a besoin de restrictions, attendu que des plaies de la partie antérieure des membres peuvent donner lieu à des tétanos. Cette objection de Galien doit être étendue davantage, et il faut dire que nous ne comprenons aucunement comment, des plaies étant situées à la partie postérieure ou antérieure du corps, la disparition du gonflement qui les accompagne, produira dans le premier cas des spasmes et des tétanos, dans le second la manie, une douleur aiguë du côté, etc. M. Nasse (De insania commentatio secundum libros hippocraticos) a senti cette difficulté : De hoc aphorismo fateamur necesse est, eum, uli nunc legitur, medicis hujus temporis non satis clarum esse ; nam vix bene explicari potest, quomodo fieri possit, ut, si vulneribus affectis in parte postica tumores exorti celeriter evanescant, convulsiones et tetani, sin vero in anteriore parle, insania, si rubri tumores, dysenteria etc. sequi possit. Forsitan quæ altera pars aphorismi indicare vult, ita intelligenda sunt. Vulnera in anteriorem partem corporis, in caput, illata, furorem producunt, in posteriore autem parte si inveniuntur, medulla spinali læsa, convulsiones et tetanum indicant. Verumtamen, quia hoc modo non omnia eclarescunt, aphorismum nostrum adhuc inter obscuros referre licet (p. 13). Cet aphorisme se trouve Épid. 2, 3, in fine : outre quelques différences qui n’importent pas ici, on y lit οἶσι μὲν ἐς τὰ ὅπισθεν au lieu de τοἴσι μὲν ὄπισθεν, et οἷσι δὲ ἐς τοὔμπροσθεν au lieu de τοἴσι δὲ ἔμπροσθεν. Cette variante m’a suggéré d’interpréter l’aphorisme de la manière suivante : Il survient, dans les cas où le transport se fait sur les parties postérieures, des convulsions, des tétanos, dans les cas où le transport se fait sur les parties antérieures, le délire, des douleurs de côté aiguës, etc. C’est-à-dire que la métastase attaquera dans le premier cas la moëlle épinière, dans le second la tête, la plèvre, etc. Cette explication lève, ce me semble, les difficultés médicales ; cependant je n’ai pas voulu l’introduire dans l’aphorisme, d’un côté parce que le texte s’y refuse, et parce que Galien a donné son assentiment au sens qui ne paraît pas plausible, de l’autre parce que le texte du passage correspondant dans Épid. 2, 3, tout en admettant l’interprétation que je propose, n’exclut pas formellement celle qui a été de tout temps acceptée pour cet aphorisme.