Aller au contenu

Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/639

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Hippocrate de Cos, descendant des Asclépiades, n’est point un fils de médecin. Ici encore les usages du temps d’Hippocrate et le dire du Serment sont d’accord. Maintenant, tout médecin qui lira cette pièce, sera convaincu qu’elle a été faite par des médecins ; ce caractère n’est pas méconnaissable. En conséquence, on peut, ce me semble, la considérer avec confiance comme appartenant à la profession médicale et à l’âge hippocratique.

Cette transmise on de la médecine par les pères aux enfants, cette éducation domestique, attestées par Platon, indiquées par le Serment, sont incontestables : dans la haute antiquité il y avait des familles médicales où la connaissance et la pratique de l’art passaient de main en main comme un héritage ; et Hippocrate était membre d’une de ces familles. Mais le Serment montre qu’il était possible d’entrer dans la profession par une autre voie, c’est-à-dire, en recevant, sous la condition d’un engagement, l’instruction d’un membre de ces familles, ou d’un individu déjà incorporé ; et c’est ce que montre aussi le passage de Platon que j’ai cité t. I, p. 29. Autre fut l’état des choses dans la seconde antiquité : les familles médicales n’existaient plus, l’enseignement domestique avait cessé. Galien signale ce changement au début de son 2e livre Des opérations anatomiques, dans un passage que je vais rapporter, et qui prouve que je ne me suis pas mépris sur le sens des témoignages invoqués plus haut : « Je ne blâme pas les anciens, dit-il, de ne pas avoir écrit sur la dissection, et je loue Marinus d’avoir écrit sur ce sujet. Chez les anciens il était superflu de composer des traités de ce genre, attendu que les élèves apprenaient de leurs parents, dès l’enfance, à disséquer comme à lire et à écrire. En effet les anciens, non-seulement les médecins, mais encore les philosophes, se sont adonnés sérieusement à l’anatomie ; et il n’y avait pas à craindre qu’on oubliât les procédés de dissection appris dès l’enfance comme l’art de former les caractères de l’écriture. Mais avec le temps on crut convenable de communiquer la