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Page:Hippocrate - Œuvres complètes, traduction Littré, 1839 volume 4.djvu/645

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teurs ont prétendu qu’il fallait y voir une séparation de la médecine et de la chirurgie, une injonction au médecin de ne pas descendre à l’office du chirurgien, office indigne de lui, en un mot quelque chose de semblable à ce qui a longtemps existé parmi les modernes, alors que les chirurgiens étaient classés parmi les barbiers. Une pareille opinion ne peut soutenir le moindre examen. Partout dans leurs ouvrages Hippocrate et les hippocratiques se montrent à la fois médecins et chirurgiens ; et ils pratiquent les opérations les plus diverses. Ils réduisent les fractures et les luxations, ils appliquent les appareils nécessaires à la contention des parties, ils résèquent les extrémités osseuses qui, dans certaines fractures, percent les chairs et les téguments ; ils trépanent les os du crâne, ils trépanent même les côtes pour évacuer le liquide accumulé dans la poitrine, ils ouvrent les abcès rénaux, les abcès du foie, ils font la paracentèse du thorax et celle de l’abdomen, ils opèrent la fistule à l’anus et les hémorrhoïdes, ils cautérisent l’épaule pour remédier à la disposition que les luxations scapulo-humérales ont parfois à récidiver, ils redressent le pied-bot, ils sondent la vessie, ils amputent, dans le mort, les membres gangrenés, ils ruginent les os du crâne, ils extraient le fœtus privé de vie et re tenu dans la matrice : comment, après cette énumération, pourtant incomplète, dire qu’ils ont dédaigné la chirurgie comme un ministère au-dessous d’eux ?

Il faut donc laisser de côté cette explication, et convenir qu’une certaine obscurité cache le motif qui a dicté l’interdiction faite dans le Serment ; d’autant plus que cette interdiction, qui dans tous les cas ne peut se concevoir que comme conseil de prudence, figure à côté de conseils purement moraux. Aussi des auteurs y ont-ils cherché un conseil moral ; tel est René Moreau, qui pense que le Serment défend, en cet endroit, de pratiquer la castration : Lithotomia ævo magni Hippocratis medicis omnibus terrori fuit, ægris exitio ; nisi divini senis verba in alium, quam vulgo accipiuntur,