et les jours suivants nous nous reverrons. A ces mois, je me levai, et lui, se préparant à me suivre, donna les livres à quelqu’un qui sortit je ne sais d’où. Alors je pressai le pas, et m’adressant à ceux (véritables Abdéritains, ceux-là) qui m’attendaient sur la hauteur : Amis, dis-je, je vous dois bien des grâces de m’avoir appelé au milieu de vous ; car j’ai vu le très-sage Démocrite, seul capable de rendre sages les hommes. Voilà ce que j’ai à t’annoncer au sujet de Démocrite, avec une pleine satisfaction. Porte-toi bien.
18. Démocrite à Hippocrate, salut.
Tu vins, Hippocrate, vers moi comme vers un aliéné, prêt à m’administrer l’hellébore, sur la foi d’hommes insensés auprès de qui le labeur de la vertu passe pour folie. Mais tu me trouvas écrivant sur la disposition du monde, sur le pôle et sur les astres du ciel. Or, tu sais avec quelle perfection l’ensemble de ces choses est arrangé, et combien, là, on est loin de la folie et du délire ; aussi as-tu été satisfait de l’état de mon esprit, et ce sont ces gens que tu as jugés farouches et aliénés. Toutes les choses qui, errant dans l’air, nous trompent par des images, choses qui se voient avec le monde et qui sont dans un flux continuel, toutes ces choses, dis-je, mon esprit explorant exactement la nature, les a mises en lumière ; témoin les livres que j’ai composés là-dessus. Il ne faut donc pas, ô Hippocrate, que tu ailles avec de telles gens et que tu les fréquentes, eux dont l’esprit est superficiel et incertain. Si, te confiant en eux,