c’est par ces indications que tu découvriras facilement la maladie. Je t’envoie le Discours sur la folie. Porte-toi bien.
19. Discours sur la folie.
Nous devenons aliénés, comme je l’ai dit dans le livre de la Maladie sacrée (§§ 14 et 15), par l’humidité de l’encéphale, dans lequel sont les opérations de l’âme. Quand l’encéphale est plus humide qu’il ne convient, nécessairement il se meut ; se mouvant, ni la vue ni l’ouïe ne sont sûres ; le patient entend et voit tantôt Une chose, tantôt une autre ; la langue exprime ce qu’il voit et entend ; mais tout le temps que le cerveau est dans le repos, l’homme a sa connaissance. L’altération du cerveau se fait par la pituite ou par la bile ; voici les signes distinctifs : les fous par l’effet de la pituite sont paisibles et ne crient ni ne s’agitent ; les fous par l’effet de la bile sont batteurs, malfaisants, et toujours en mouvement. Telles sont les causes qui font que la folie est continue. Si le malade est en proie à des craintes et à des terreurs, cela provient du changement qu’éprouve le cerveau échauffé par la bile qui s’y précipite par les veines sanguines ; mais, quand la bile rentre dans les veines et dans le corps, le calme revient. D’autre part, le patient est livré à la tristesse, à l’angoisse et perd la mémoire, quand le cerveau est refroidi contre la règle par la pituite et se contracte contre l’habitude. Quand subitement le cerveau est échauffé par la bile au moyen des veines susdites, le sang bouillonne, le patient voit des songes effrayants ; et, de même que, chez un homme éveillé, le visage est ardent, les yeux rouges, et l’esprit songeant à commettre quelque acte de violence, de même le sommeil offre ces phénomènes ; mais le calme retient quand le sang se disperse de nouveau dans les veines. Dans le cinquième livre des Épidémies, j’ai rapporté (§ 80) comment survint perte de la voix, perte de la connaissance, accès fréquents de délire et récidives ; la langue était sèche ; et s’il ne l’humectait pas,