Page:Hippocrate - Oeuvres choisies, trad Daremberg, 1844.djvu/260

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autres ; mais chacune arrive également d’après les lois naturelles, et celle-ci est produite chez les Scythes par la cause que je viens de lui assigner. Elle attaque aussi les autres peuples, car partout où l’équitation est l’exercice principal et habituel, beaucoup sont tourmentés d’engorgements aux articulations, de sciatique, de goutte, et sont inhabiles aux plaisirs de l’amour. Ces infirmités sont répandues chez les Scythes, qui deviennent les plus impuissants des hommes, et par les causes déjà signalées, et parce qu’ils ont continuellement des culottes et qu’ils passent à cheval la plus grande partie du temps. Ainsi, ne portant jamais la main aux parties génitales, et distraits par le froid et la fatigue des jouissances sexuelles, ils ne tentent la copulation qu’après avoir perdu entièrement leur virilité. Voilà ce que j’avais à dire sur la nation scythe.

Quant au reste des Européens, ils diffèrent entre eux par la forme et par la stature, parce que les vicissitudes des saisons sont intenses et fréquentes, que des chaleurs excessives sont suivies de froids rigoureux ; que des pluies abondantes sont remplacées par des sécheresses très longues, et que les vents multiplient et rendent plus intenses les vicissitudes des saisons. Il est tout naturel que ces circonstances influent dans la génération sur la coagulation du sperme, qui n’est pas toujours la même, en été ou en hiver, pendant les pluies ou pendant la sécheresse. C’est, à mon avis, la cause qui rend les formes plus variées chez les Européens que chez les Asiatiques, et qui produit pour chaque ville une différence si notable dans la taille des habitants. En effet, la coagulation du sperme doit subir des altérations plus fréquentes dans un climat sujet à de nombreuses vicissitudes atmosphériques, que dans celui où les saisons se ressemblent à peu de chose près, et sont uniformes. Le même raisonnement s’applique également aux moeurs. Une telle nature donne quelque chose de sauvage, d’indocile, de fougueux ; car des secousses répétées rendent l’esprit agreste et le dépouillent de sa, douceur et de son aménité. C’est pour cela,