Page:Hippocrate - Oeuvres choisies, trad Daremberg, 1844.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
ÉPIDÉMIES.

sie fut de toutes les maladies régnantes la plus grave, et la seule qui enleva beaucoup de malades. Les symptômes qui se présentaient chez la plupart des malades furent les suivants : fièvre avec frisson, continue, aiguë, sans intermittence complète, mais affectant le type de l’hémitritée, ayant un jour une rémission, le lendemain une exacerbation, et en somme devenant de plus en plus aiguë : sueurs continuelles mais non générales ; grand froid aux extrémités, qu’il était difficile de réchauffer ; perturbations du ventre avec déjections de matières bilieuses peu abondantes, sans mélange, ténues, mordicantes ; les malades se levaient fréquemment [pour aller à la selle]. Les urines étaient ténues, incolores, crues, en petite quantité, ou épaisses, et déposant un petit sédiment qui n’était pas de bonne nature, mais qui était cru et ne venait point à propos. Les malades étaient pris d’une petite toux fréquente ; ils expectoraient à peine et peu à peu des matières cuites ; chez ceux qui étaient le plus violemment atteints, les crachats n’arrivaient même pas à un peu de coction, et les malades continuaient jusqu’à la fin à cracher des matières crues. Chez la plupart, le pharynx était douloureux, depuis le début jusqu’à la terminaison de la maladie ; il était rouge, avec phlegmasie ; il en coulait des humeurs peu abondantes, ténues, âcres. L’émaciation était prompte, le mal faisait des progrès rapides, les malades eurent jusqu’à la fin du dégoût pour toute espèce d’aliments ; ils n’étaient pas altérés ; plusieurs déliraient aux approches de la mort. Voilà quelles étaient les phthisies.

3. Vers la fin de l’été et durant l’automne, il y eut beaucoup de fièvres continues qui n’étaient pas violentes. Elles survenaient chez les individus affectés de maladies chroniques, mais n’offraient du reste aucun mauvais symptôme. Chez la plupart, il y eut des perturbations du ventre tout à fait supportables, et qui n’amenaient aucun accident notable. Chez la plupart aussi, les urines étaient de belle couleur, limpides, mais ténues, et arrivaient à coction aux approches de la crise. Il y eut peu de malades pris de toux ; l’expectoration n’était point difficile ; il n’y avait pas de dégoût pour les ali-