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ÉPIDÉMIES.

lement. En général, les malades furent pris d’insomnies, surtout ceux affectés [de fièvres tritéophyes] ; ces derniers tombaient dans un état comateux ; les perturbations du ventre étaient universelles et de mauvaise nature, elles étaient surtout très mauvaises chez ces malades ; chez la plupart, les urines étaient ténues, crues, incolores, arrivant à la longue à un faible degré de coction critique, ou bien épaisses, mais troubles, et ne donnant point de sédiment par le repos ou bien en donnait un, peu abondant, de mauvaise nature, et sans coction ; cette espèce d’urines était la plus mauvaise de toutes. À cette fièvre se joignit de la toux, et je ne saurais dire si cette toux fut utile ou préjudiciable. Ces divers accidents obstinés, insupportables, tout à fait irréguliers, erratiques, non critiques, se soutenaient chez ceux qui étaient le plus malades, et chez ceux qui l’étaient le moins ; car s’ils se calmaient un peu, ils reprenaient bientôt de nouveau. Il y eut un petit nombre d’individus chez qui la fièvre se jugea, mais ce fut au plus tôt le quatre-vingtième jour ; quelques-uns même eurent des rechutes ; en sorte que la plupart étaient encore malades pendant l’hiver. Chez plusieurs, les fièvres disparurent sans crise. Ces choses se passèrent également chez ceux qui réchappèrent et chez ceux qui succombèrent. À ce défaut de crise, à cette diversité des phénomènes dans ces maladies, se joignit chez presque tous les malades, un signe très remarquable et très mauvais, et qui persista jusqu’à la fin, savoir, du dégoût pour toute espèce de nourriture ; il était surtout prononcé chez ceux où l’ensemble des symptômes était pernicieux. La soif n’était pas extraordinairement grande dans ces fièvres. Après une longue durée de la maladie, après beaucoup de douleurs, après une colliquation de mauvais caractère, il survenait des dépôts, tantôt trop grands pour que les forces pussent y suffire, tantôt trop petits pour être de quelque utilité ; aussi le mal revenait-il et s’aggravait encore. [Ces dépôts] étaient des dyssenteries, des ténesmes, des lienteries, des diarrhées ; chez quelques-uns il survint des hydropisies, avec ou sans le cortége de ces acci-