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Page:Hippocrate - Oeuvres choisies, trad Daremberg, 1844.djvu/384

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Dans les maladies qui arrivent promptement à leur période d'état, il faut, dès le début, prescrire un régime exigu; dans celles qui y arrivent plus tard, il faut, à cette époque et un peu auparavant, diminuer le régime; mais antérieurement, il faut nourrir plus abondamment, afin que les forces du malade puissent suffire.

Mais dans les paroxysmes il faut supprimer les aliments, car en donner alors serait nuisible. Dans toutes les maladies où les paroxysmes reviennent au milieu d'une période, il faut les supprimer pendant les paroxysmes.

Les maladies elles-mêmes, les saisons de l'année, la comparaison réciproque de leurs périodes, soit qu'elles arrivent tous les jours, tous les deux jours, ou à de plus longs intervalles, font connaître la marche des paroxysmes et la constitution [de la maladie ]. Il faut encore avoir égard à ce qui apparaît [dans les maladies] [1]. Par exemple, chez les pleurétiques, si les crachats arrivent dès le début, ils abrégent le cours de la maladie; mais s'ils se font longtemps attendre, ils la prolongent. Les urines, les selles et les sueurs indiquent aussi si les maladies se jugeront facilement ou difficilement; si elles seront longues ou de courte durée.

Les vieillards supportent très bien l'abstinence ; les personnes dans l'âge mûr, moins bien ; les jeunes gens très mal; les enfants moins que tous les autres, surtout ceux d'entre eux qui sont très vifs [2].

Dans l'âge de croissance, on a beaucoup de chaleur innée; il faut donc une nourriture abondante; autrement le corps se consume; chez les vieillards, au contraire, il y a peu de chaleur innée, voilà pourquoi ils n'ont besoin que de peu de combustible (d'aliments) [3], car une trop grande quantité l'éteindrait; c'est aussi pour cela que les fièvres ne sont pas aussi aiguës chez les vieillards [ que chez les jeunes gens ], car leur corps est froid.

En hiver et au printemps les cavités sont naturellement chaudes, et le sommeil est prolongé; il faut donc pendant ces deux saisons, donner une nourriture

  1. Aph. 12. - 9. « Une triple base sert à régler convenablement le régime : les forces du malade qu'on peut calculer positivement à l'aide du pouls et des autres signes indiqués dans le Pronostic, la constitution de la maladie, enfin la marche des paroxysmes qu'on peut déterminer quoique certains médecins prétendent le contraire. On ne peut pas il est vrai toujours y arriver de science certaine, mais on peut en approcher de très près. On sait, par exemple, que la fièvre tierce se juge très promptement, que la quotidienne persiste plus longtemps, et que la quarte se termine encore plus tard. Parmi les fièvres continues, les causus se jugent très vite; le typhus un peu moins, et les hémitritées tiennent le milieu. Quant aux paroxysmes, on sait qu'ils reviennent tous les trois jours dans les fièvres tierces et aussi dans les pleurésies, et tous les jours dans les phtisies. Les maladies elles-mêmes servent donc à faire connaître leur propre marche et la suite de leurs paroxysmes, non seulement quand elles ont déjà duré un certain temps et qu'une période s'est écoulée, mais encore à leur début, car il est souvent permis de reconnaître une maladie dès son début; et, par suite, de prévoir quelle sera sa marche, et de régler en conséquence le régime. Les saisons influent sur la marche des maladies : ainsi, les fièvres quartes estivales durent moins longtemps que les automnales et surtout que les hibernales. Mais le retour des paroxysmes n'est jamais essentiellement modifié par elles. Ce qui est dit des saisons s'applique aussi au tempérament et à l'âge des malades. - Par la comparaison réciproque de leurs périodes, Hippocrate entend la comparaison de la marche des paroxysmes dans les diverses périodes, comparaison à l'aide de laquelle on peut déterminer les limites de la croissance et le point du plus haut degré d'intensité de la maladie. En effet, si le paroxysme qui revenait à des intervalles donnés, devance son heure, augmente de durée et d'intensité, il est clair que la maladie marche vers son point culminant, arrivera bientôt à la crise, et que les paroxysmes se succéderont rapidement  » (cf. Galien, p. 381 et suiv.).
  2. Aph.. 13. - 10. Galien (p. 401), et après lui Damascius (p. 277 ), pensent que cet aphorisme est incomplet. Galien proposerait de lire : « Les vieillards supportent très facilement l'abstinence, excepté ceux qui sont très vieux,  » ou bien de changer νηστείην (abstinence) en ὀλιγοσιτίην (petite quantité d'aliments).
  3. Aph. 14. - 11. « Les anciens appelaient ὑπεκκαύματα les branches de bois qui servaient à faire le feu. Hippocrate appelle de ce nom la nourriture, comme étant la matière qui entretient la chaleur innée.  » (Étienne, 278.)