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DES ÉPIDÉMIES

ou moins complètes ; 8o, dans les unes comme dans les autres, la marche peut être extrêmement rapide, et la maladie se terminer en trois ou quatre jours, soit par la santé, soit par la mort ; 9o. dans les unes comme dans les autres, le cou est le siège d’une sensation douloureuse ; 10o, dans les unes comme dans les autres, il y a une forte tendance au refroidissement du corps, à la sueur froide et à la lividité des extrémités (t. II, p. 566, 567).

« Sous le nom de fièvres continues, πυρετοὶ ξυνεχέες, Hippocrate a compris toutes les fièvres qui n’ont pas d’intermissions régulièrement caractérisées. Il nous a donné lui-même la définition de la fièvre hémitritée [ou tritéophye] : C’est, dit-il, une fièvre se relâchant un jour, s’exaspérant un autre [Epid. I, p. 240). Cette définition rentre dans celle des fièvres continues (p. 568). — Le causus est une variété des fièvres rémittentes et continues dont Hippocrate a rapporté des exemples dans ses Épidémies. La définition du causus est, suivant les anciens : fièvre accompagnée d’une grande ardeur, n’accordant aucun repos au corps, desséchant et noircissant la langue, et faisant naître le désir du froid (p. 571). — Le phrénitis est une variété de ces fièvres. Galien confirme lui-même cette communauté entre le causus et le phrénitis, en disant dans son commentaire : La pléthore bilieuse, se portant sur le foie et l’estomac, engendra les causus ; se portant sur la tête, engendra les phrénitis. » Galien fait du causus et du phrénitis deux maladies de même nature (t. II, p. 571). — Hippocrate place le léthargus entre le phrénitis et le causus, qui sont des fièvres rémittentes : Galien dit que le phrénitis peut se changer en léthargus ; enfin Cælius Aurélianus y signale des paroxysmes et des rémissions. Tout cela autorise pleinement à conclure que le léthargus des anciens est, comme le phrénitis et le causus, une variété des fièvres rémittentes et continues des pays chauds. Soranus le définit : une somnolence aiguë avec des fièvres aiguës, un pouls grand, lent et vide (t. II, p. 573, 574). — Si l’on s’était tenu rigoureusement dans la détermination d’Hippocrate qui, par continues, entendait à la fois les fièvres rémittentes et continues, on aurait reconnu que cette désignation appartenait à une autre maladie que nos fièvres continues, qui ne sont pas susceptibles d’être indifféremment rémittentes ou continues. C’est là, je le répète encore, le caractère essentiel qui distingue de nos fièvres continues, les fièvres des pays chauds et toutes celles qui doivent à des conditions locales d’être comparables à celles des pays chauds (t. II, p. 576). »