Page:Hippocrate - Oeuvres choisies, trad Daremberg, 1844.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

malades vaincus par l’excès du mal, les poussent à soigner aussi bien les maux incurables que ceux qui peuvent guérir. En donnant de pareils conseils, ils font l’admiration des médecins de nom, mais ils sont la risée des médecins de fait. Ceux qui sont expérimentés dans la pratique de l’art ne se soucient pas du blâme de tels insensés, ou des éloges qu’ils en reçoivent, mais ils se règlent sur les hommes qui se rendent compte et de ce qui fait le succès des praticiens quand leurs cures arrivent à bonne fin, et de ce qui est cause de leurs revers lorsqu’elles échouent ; et qui savent aussi, parmi les imperfections, distinguer celles qui sont imputables à l’ouvrier, de celles qui le sont à la matière mise en œuvre.

Pour ce qui est des autres arts, j’en parlerai dans un autre temps et dans un autre discours. Quant aux choses qui regardent la médecine, ce qu’elles sont, comment il faut les juger, on l’a déjà appris par ce qui précède, ou on l’apprendra par ce qui suit. Pour les médecins versés dans la connaissance de l’art, il y a des maladies qui ont un siége apparent, et elles sont peu nombreuses ; il y en a qui ont un siége caché, et c’est le plus grand nombre. Les maladies concentrées dans l’intérieur du corps sont cachées ; celles qui se manifestent par des efflorescences ou par des changements de couleur à la peau, ou par des tumeurs, sont évidentes ; en effet, par la vue et par le toucher, on peut reconnaître la dureté ou la souplesse qu’elles présentent ; on peut aussi discerner les maladies qui sont froides de celles qui sont chaudes ; car les maladies sont rendues évidentes par l’absence ou par la présence de chacune de ces choses [du froid et du chaud, de la dureté ou de la souplesse]. Le traitement de toutes ces maladies doit donc toujours être exempt de fautes, non qu’il soit facile, mais parce qu’on en a déterminé les moyens ; or ne les a pas déterminés qui a voulu, mais seulement ceux qui en ont été capables, et cette capacité appartient à ceux qui ne trouvent point obstacle dans leur éducation, et qui n’ont pas à se plaindre de la nature.