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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/13

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UN VIEUX BOUGRE

— Moi j’m’appelle Michel… si vous voulez l’ savoir…

— Et t’es de la campagne, pas vrai ?… En tout cas, tu peux m’ dire : tu… l’ gas Michel…

Mlle Youyou prit congé des nouveaux fiancés, quand elle eut vidé son verre :

— J’ vais voir à tâcher moyen… Vous embêtez pas, vous aut’s… et à la r’voyure…

Mlle Rubis entama un éloge vif de sa sœur, qui la conduisit à parler favorablement d’elle-même :

— On travaille dans les couronnes… les couronnes en perles pour les morts, tu sais bien ?… et l’ dimanche, on sort… Des fois, on rigole… Moi, faut qu’ ça m’dise, ou… ça s’rait-y Rothschild ! … y a rien d’fait… Ainsi, toi, sitôt que j’ t’ai eu vu, j’ai eu l’ pépin… Ah ! d’ voir que t’avais l’air d’ réfléchir, ça m’a mis’ en rogne… et j’ voulais même p’us t’ parler…

Elle voulut boire encore. Michel commanda du vin, une bouteille à cachet de cire. Comme il se trouvait heureux, il parla doucement de la Beauce où il était né, où il avait grandi, où il lui tardait de retourner. Il voyait les gens de