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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/179

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UN VIEUX BOUGRE

rouge et souple, avec ces yeux qui, d’un regard posé sur ses yeux à lui, avaient refoulé le sang dans son cœur gros à se fendre. Et elle montrait cette bouche lippue, ce teint de cuivre, plus chaud à cause des pois de corail du collier lourd et à cause des larges anneaux d’oreilles dont l’or luisait.

Il voulut la revoir, en allant au travail. La brise qui émouvait l’aube humide ne le rafraîchit point. Il brûlait de fièvre comme après le dur effort d’une journée de labour. À l’aspect de la maison roulante entourée de bâches tendues par des cordes, il éprouva l’espérance magnifique de ceux qui reviennent où ils se savent aimés. Les chiens, un couple dont la femelle aux pis gonflés de lait, bondirent en hurlant.

— Pouvez donc pas r’tenir ces bêtes, nom de Dieu ! cria-t-il, croisant la faux.

La fille siffla les bêtes qui s’éloignèrent en rampant. Gaspard la salua au passage, confus de son blasphème. Elle lui sourit, de l’étroite fenêtre où elle était la veille, sans qu’il démêlât si elle le raillait d’avoir eu peur ou si elle le