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Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/193

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UN VIEUX BOUGRE

— Attendez… j’vas appeler Michel, proposa Mlle Rubis, en descendant du lit.

— Où qu’il est, c’t’âne-là ?

— Y prend l’air… avec Youyou… d’avoir eu l’trac quand vous avez parlé…

— J’ai causé ? fit Gaspard très inquiet.

— On n’a pas compris grand’chose… qu’un nom : « Mabrouka… »

— Ah ! oui… Mabrouka… Une belle garce !…

— C’était donc une femme ?

— C’en était dix à elle toute seule, ma fille…

— Et moi ? repartit effrontément Mlle Rubis.

Elle en vint à la conclusion de son récit où le songe de Gaspard et la réalité vivante s’étaient confondus en elle-même. L’aïeul s’en réjouit beaucoup, soulignant son rire d’une gesticulation simiesque. Cependant, Mlle Rubis lui répéta avec gravité :

— C’est moi vot’femme, à présent…

Il sembla méditer cette parole, fixant Mlle Rubis de ses yeux clairs et durs. Elle attendait le mot dont il se lierait, un mouvement amoureux qui l’eût attirée vers son nouveau maître.